Les maisons de retraite prennent un coup de jeune. Elles s’adaptent à l’air du temps. À Vaulx-Vraucourt, l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Saint-Landelin vient d’ouvrir une unité de vie pour les personnes handicapées âgées. Lesquelles se fondent parmi leurs coreligionnaires plus âgés.
Des jeux anciens sont installés au rez-de-chaussée de l’ancien hospice religieux bâti au milieu des prés, à Vaulx-Vraucourt, entre Arras et Bapaume. Ce jeudi matin, on joue à lancer des balles dans une sorte de trou de souris et il serait bien difficile de dire qui est qui. Qui porte le tampon « handicapé » ou simplement « blanchi sous le harnais »…
La maison de retraite Saint-Landelin, à Vaulx-Vraucourt, dispose depuis janvier d’une unité de vie pour personnes handicapées âgées. Deux places sont toujours disponibles.
Dans cette maison de retraite séculaire fondée par des religieuses, un dixième des résidants ont des troubles qui ne leur permettent pas de vivre de façon autonome. Ils étaient auparavant pris en charge dans un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail). Ici, ils n’ont pas de statut particulier. Intégrés aux activités, ils participent à la vie de la communauté comme n’importe quel résidant. Pourquoi seraient-ils ostracisés d’une manière ou d’une autre ?
« Quand on arrive ici, on est tous handicapé, résume Marie-Pierre Darras, responsable de la vie sociale. Certains ont des symptômes de la maladie d’Alzheimer, une hémiplégie, des problèmes de vision… Donc l’intégration se passe très bien. » Les moins valides ne sont d’ailleurs pas forcément ceux que l’on croit.
« Les personnes handicapées sont celles qui sont les plus en demande d’activité, les plus dynamiques », dit Franck Lœuillet, le directeur. Logique. Elles ont en moyenne vingt ans de moins que leurs voisins de chambrée ! Environ 65 ans, contre plus de 85 ans pour les « valides » en fin de vie.
Arts plastiques, séance de natation, atelier informatique… Le quotidien est loin d’être raplapla. Ce que change l’agrément « Unité de vie pour personnes handicapées âgées », (UVPHA) accordé en janvier par le conseil général du Pas-de-Calais, outre une enveloppe de 85 000 €, tient dans l’accompagnement des dix résidants. Bien plus « fin » qu’auparavant. Deux accompagnantes s’y emploient à plein-temps. « Lors de la toilette du matin, surtout, on les stimule beaucoup plus, dit Maryse Dingreville. On essaie de faire en sorte qu’ils participent davantage, s’autonomisent un peu. »
Autre service récent inventé par Saint-Landelin : la journée des accueillis. Une fois par mois, les familles qui s’occupent d’un parent handicapé peuvent venir se mêler à la communauté. On en profite souvent pour faire une belle sortie. À Nausicâa, par exemple. « Les accompagnants se trouvent isolés, c’est difficile de s’occuper de quelqu’un 24h/24 !, poursuit Marie-Pierre Darras. Ils viennent ici prendre une bouffée d’oxygène. »
L’initiative, pas si courante, attire des familles venant de loin (Mondicourt, Tortequesne…).
EHPAD Saint-Landelin, 43, rue de Bapaume, à Vaulx-Vraucourt. Tél. : 03 21 07 02 49.
Comme celles de Croisilles et Bapaume, la maison de retraite Saint-Landelin offre la possibilité aux familles s’occupant d’un aïeul à domicile de souffler le temps d’une journée. Six places d’accueil de jour sont disponibles, utilisées de manière « aléatoire », convient le directeur. Le dispositif n’est pas forcément très connu, les habitudes des familles encore peu ancrées. Le retraité peut être déposé à partir de 9 h et être récupéré à 17 h. « Mais ces horaires peuvent être élargis en fonction des besoins », souligne Marie-Pierre Darras, responsable de la vie sociale.
Quel que soit l’âge de la personne, qu’elle soit handicapée ou non, il en coûte entre 15 et 25 € par jour (en fonction des revenus).
Par Fabien Bidaud |